Actualité

Diombass Diaw pour une continuité de la mémoire historique

Quand il arrive dans un endroit, le caméléon prend la couleur du lieu. Ce n'est pas de l'hypocrisie ; c'est d'abord la tolérance, et puis le savoir-vivre. Se heurter les uns les autres n'arrange rien. Jamais on n'a rien construit dans la bagarre. La bagarre détruit. Donc la mutuelle compréhension est un grand devoir. Il faudrait toujours chercher à comprendre notre prochain. Si nous existons, il faut admettre que, lui aussi, il existe. Amadou Hampâté Bâ

Il existe des hommes où chaque épreuve les place dans une situation d’attente. Certains ne résistent pas à cette pression en emportant tout sur leur passage, comme les vagues de la mer, détruisant les navires, guettant les tempêtes et les foudres. D’autres espèrent avec détermination et confiance en continuant d’écouter le monde, celui qui les a forgé et celui qui, par force du souffle du vent, oblige à faire plier le roseau sans se briser.

Le parcours de Diombass Diaw, enfant de Dagana, appartient à la deuxième catégorie. Il a reçu une éducation chargée de valeurs qui s’inscrivent dans la lignée des grandes familles africaines. Et il possède un attachement naturel à notre mémoire sans douter une seconde de sa force vitale pour opérer des ruptures qui sont sources de progrès.

Parti jeune de sa terre natale pour conquérir une indépendance et une ligne d’horizon ouverte, Diombass Diaw a fait de longues études en Russie, déjouant le froid glacial d’une culture hostile à celui qui vient d’ailleurs et est différent. Résistant aux ombres de la discrimination avec ténacité, il a pu s’offrir une formation plurielle, cherchant à enrichir ses fondements d’origine sans les faire disparaître. Apprenant une nouvelle langue, le russe, après la langue maternelle et le français, Diombass Diaw a ouvert les synapses de sa propre culture avec patience qui fait appel à la tolérance.

Revenu au Sénégal, il a su mettre à profit ses qualités et ses compétences au service de la Senelec où il a d’abord été ingénieur avant de devenir un des hauts responsables de cette grande entreprise nationale. Toujours profondément attaché à son terroir du Walo, il a aussi œuvré pour faire que la région soit une terre de renaissance et de culture, s’inspirant de la longue histoire des royaumes et du passé comme bandoulière.

Ce souci de la transmission culturelle et de la réminiscence active est un acte qui s’inscrit pleinement dans le mouvement de la renaissance africaine.

Tous les troubles politiques et les trahisons successives de ces dernières années ne l’ont pas fait renoncer à cet idéal. Au contraire, il a continué d’imaginer ce que la terre nourricière a fait pour le peuple et ce qu’elle peut continuer d’apporter à ceux et à celles qui refusent un fonctionnement social et politique unilatéral.

De cette obstination indomptable, Diombass Diaw en a fait une permanence qui, au fil des années, s’est transformée en une évidence africaine. Accepter la couleur de la terre pour mieux se confondre à sa richesse a été juste une étape afin de poursuivre le but ultime : celui d’enfin faire vivre les voix ancestrales du Walo qui, en écho, répètent qu’il n’existe pas de vie supérieure à une autre, mais seulement le chant de la vérité, de l’équité et de la justice.

La longue expérience de Diombass Diaw, un chemin entrelacé de pierres multiples, fait de lui un messager de la terre sénégalaise. Aujourd’hui, il est chef du bureau économique de l’ambassade du Sénégal à Varsovie en Pologne où il est un représentant fidèle de notre nation. Car le lien qu’il perpétue avec notre récit culturel et notre prolongement historique est semblable à une tapisserie qui prend forme lentement mais sûrement pour donner à voir aux générations futures.

Ainsi Diombass Diaw est un homme de conviction qui a su allier la volonté de ses choix, avec calme, persévérance et énergie. Cette capacité d'adaptation suggère une harmonie signifiante qui entonne la renaissance, un chant qui a toujours guidé celui qui, tapi dans les berges du fleuve, a glissé dans l’eau pour atteindre les rives de la liberté et du renouveau.

Amadou Elimane Kane, poète écrivain, enseignant et chercheur en sciences  cognitives, fondateur et directeur de la Case des Poètes (la Case Panafricaine de Recherche pour la Lecture et l’écriture), association loi 1901, agréée par un arrêté rectoral portant décision d’agrément académique aux associations éducatives complémentaires de l’enseignement public pour apporter leur concours à l’enseignement public, agrément délivré par le recteur de la région académique de l’Île de France, Recteur de l’académie de Paris, chancelier des universités de Paris et d’Île de France.

 

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Amadou Elimane Kane : Prix RE-SOURCE / SUNUNET 2021

Amadou Elimane Kane, lauréat du Prix RE-SOURCE / SUNUNET 2021, Grande Figure Inspiratrice pour sa contribution au rayonnement culturel de l’Afrique.

Amadou Elimane Kane est lauréat du Prix SUNUNET 2021, en tant que Grande figure inspiratrice de la Diaspora sénégalaise et pour sa contribution au rayonnement culturel de l’Afrique. La remise du prix a eu lieu à Dakar le 28 décembre 2021. Cette distinction confirme le travail engagé d’Amadou Elimane Kane pour la réhabilitation du patrimoine historique et culturel africain.

Le Prix SUNUNET est organisé par RE-SOURCE (Rencontre des Sénégalais pour une Organisation Utile des Ressources de la Communauté des Expatriés), une organisation à but non lucratif regroupant des émigrés sénégalais dans le monde. Ses membres appartiennent à toutes les catégories sociales (hommes d'affaires, directeurs d'organisation internationales, ingénieurs, banquiers, commerçants, artisans, journalistes, artistes, universitaires, etc.)

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Dire le monde en poésie avec Amadou Elimane Kane

Pour la nuit de la lecture, direction le collège Charles Péguy dans le 19è arrondissement de Paris. La classe de CM2 de Jonathann Thireau-Sroussi participe à une résidence sur le dire poétique avec l’écrivain-poète Amadou Elimane Kane. Loin de la représentation des poètes morts ou maudits, les élèves s’emparent de la poésie par l’oralité. Léa Capuano, pour Radio Campus Paris 

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Ma Ngom ou l’unité africaine sur les remparts d’Essaouira

Img 4028Au coeur de la cité d’Essouira, l’ancienne Mogador, où les arabophones, les berbérophones et le peuple des Gnaoua, groupe métissé entre l’orient et l’Afrique noire, vivent ensemble, on trouve également une petite communauté sénégalaise qui s’est installée dans cette ville atlantique balayée par les alizés et qui est un véritable carrefour culturel et artistique au Maroc. Si cela est possible, c’est grâce à un homme très actif, volontaire et très impliqué dans l’intégration des populations sénégalaises à Essaouira. 

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Originaire de Saint-Louis du Sénégal, Ma Ngom est arrivé au Maroc en 1996, après des études de lettres et de philosophie. Diplômé en gestion des entreprises, directeur en gestion hôtelière et polyglotte émérite, Ma Ngom est une figure importante à Essaouira, dans le monde du tourisme et de la culture. Membre du Comité Provincial du Tourisme d’Essaouira, il contribue activement au développement touristique de la ville et organise des rencontres sous le signe de l’échange culturel et humain. Car il s’appuie également sur l’histoire commune du Maroc et du Sénégal, tant d’un point de vue culturel, artistique et symbolique. 

Mais son rôle le plus remarquable reste ses actions en faveur de la communauté sénégalaise. Président de l’association des Sénégalais d’Essaouira, Ma Ngom ne ménage pas sa peine lorsqu’il s’agit de favoriser l’émigration de ses compatriotes, d’accompagner les jeunes sénégalais à s’installer, en apportant son aide et son expérience pour l’obtention des papiers, pour engager les nouveaux arrivants à suivre des formations diplômantes, ou encore pour les accompagner à trouver des emplois. Cet engagement permanent fait de lui un citoyen à part entière et un homme très apprécié de la population sénégalaise d’Essaouira et très respecté de la communauté marocaine. 

E5c3165f 44cb 4802 a7ba d1bf27bdde17Homme de la libre pensée, Ma Ngom produit du sens humain sur cette terre culturelle où l’on œuvre pour l’unité africaine. En cela, Ma Ngom est un véritable artisan de la renaisance africaine et il démontre, par des actes concrets, comment faire pour rassembler les trajectoires plurielles. 

Amadou Elimane Kane, écrivain poète, enseignant et fondateur de l’institut culturel panafricain de Yene

DÉCÈS DE KOFI ANNAN : L’AFRIQUE PERD UN ILLUSTRE FILS, LE MONDE PERD UNE BOUSSOLE PAR CHEIKH TIDIANE GADIO

L'ancien  ministre des Affaires étrangères du Sénégal, Cheikh Tidiane Gadio nous livre son témoignage sur le parcours de Kofi Annan, l'homme de paix. 

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Dans un monde où certains ont déclaré “la guerre à la paix” selon l’écrivain Ronan Farrow, la mort de Kofi Annan, Prix Nobel et infatigable faiseur de paix, même à 80 ans, nous a tous bouleversé et peut-être fragilisé un peu plus. 

L’humanité plongée dans le doute à cause des incertitudes qui s’accumulent en particulier sur “l’Accord de Paris” et “l’Accord sur le nucléaire iranien”, mais aussi à cause des reconfigurations géopolitiques violentes (Syrie, Yémen, Sahel) avait encore besoin de Kofi Annan, de son expertise incontestable, de sa sérénité imperturbable, de sa patience légendaire et de son demi sourire rassurant mais interrogateur!

Kofi Annan, SG des Nations Unies assis sur le toit du monde, m’a personnellement gratifié d’une affection sincère pendant la phase active de notre relation à partir de 2000. Je n’oublierai jamais ses félicitations appuyées après l’Accord de Cessez-le-Feu de Bouaké du 17 octobre 2002 obtenu par le Sénégal, sauvant la Côte d’Ivoire de la partition et probablement d’une guerre fratricide de longue durée.

Cet Accord, pour un homme de paix comme lui, Africain dans le tréfonds de son âme, a été l’acte fondateur de notre relation. 

Ensuite nous l’avons tous admiré pour la réforme du systéme des Nations, qu’il a initiée avec courage et détermination. Cette bataille dont pour l’Afrique le “Commandant en chef” était notre collégue et ami Nana Akufo-ADDO (actuel Président du Ghana), a connu des moments épiques tant nous croyions tenir le bon bout pour enfin “réparer l’injustice historique” faite à l’Afrique de n’avoir aucun représentant parmi les Cinq membres permanents du Conseil de Sécurité, et ce malgré son milliard d’habitants à l’époque et ses 50 et quelques pays membres des Nations Unies soit plus du quart des états membres.

L’Humanité se souviendra un jour, qu’un homme épris de paix, a essayé de consolider et de sauver la paix mondiale en réformant une institution fondée sur un statu quo suranné des vainqueurs de la 2ème guerre mondiale. Refuser un siège de membre permanent avec droit de véto à l’Afrique et maintenir le statu quo de 1945 est une double injustice à corriger dans l’esprit et le style Annan, c’est à dire par un consensus fort mais qui ne peut plus attendre.

Kofi Annan, pour moi, c’est aussi la guerre contre le Sida et les grandes pandémies qui ont ravagé l’Afrique et le monde pendant ces dernières décennies.

Koffi Annan, c’est le soutien aux initiatives endogènes des leaders africains comme le NEPAD, mai surtout le soutien à son volet “bonne gouvernance”, c’est-à-dire le respect des institutions et des constitutions, la limitation des mandats, l’acceptation de l’alternance démocratique et le respect des droits humains.

Koffi Annan, c’est la noble et farouche bataille pour la réalisation de son initiative phare: le programme OMD (Objectifs du Millénaire pour le développement) lancé en 2000 par l’adoption de la “Déclaration du Millénaire”. Ces OMDs sont devenus depuis 2015, comme on le sait, les ODDs (Objectifs de développement durable). 

Koffi Annan, outre le fiasco moral et tragique de la communauté internationale au Rwanda dont il a fait courageusement le bilan autocritique, c’était la tragédie du Darfour qui l’avait aussi beaucoup affecté, tant les polémiques sur l’appellation “génocide”, “nettoyage ethnique”, “crimes contre l’humanité” de cette apocalypse africaine avaient abouti à une faible action de protection et de défense de populations très vulnérables. Les tristement célébres Jenjawids ont pu alors nettoyer et massacrer à leur guise des groupes qu’ils ont “osé” appeller les “populations africaines” et ceci en terre africaine du Soudan!

Kofi Annan, c’était aussi la bataille multiforme pour la réforme des opérations de maintien de la paix des Nations Unies pour les rendre plus efficaces, faciliter les déploiements rapides sur le terrain pour protéger les populations et autoriser des “réglements d’engagement plus fermes”, on dirait aujourd’hui “plus robustes”. En clair Kofi Annan s’est battu de toutes ses forces pour la mise en oeuvre diligente du rapport du “Groupe de Travail” présidé par un autre grand fonctionnaire international africain Lakhdar Brahimi. 

Ce combat de Kofi Annan doit être poursuivi et gagné pour que l’Afrique, en particulier, arrête d’être le paradis des “peace-keepers” qui coûtent excessivement chers et qui parfois s’installent durablement comme c’est le cas de la MONUC et certaines opérations qui ont un début et qui semblent n’avoir pas de fin.

Pour nous, il est urgent d’organiser le transfert de certaines compétences “de la responsabilité de protéger” du Conseil de Sécurité vers les organisations régionales comme l’Union africaine qui bénéficie des avantages de la proximité et d’une meilleure connaissance du terrain et des réalités socio-culturelles. Ce transfert devrait cependant s’accompagner du transfert partiel des moyens dont seule dispose l’ONU, ce qui serait évidemment une autre paire de manche car pouvant être perçu comme une menace sur la toute puissance des cinq membres permanents et des grands contributeurs. 

Kofi Annan, c’est le diplomate hors pair qui peut arbitrer sans faire voler en éclats le Palais de verre, la mémorable bataille diplomatique “États-Unis versus France” sur l’invasion de l’Irak. Cette période sombre de l’histoire de l’humanité, précédée par la catastrophe du 11 septembre qui marque l’avénement durable d’un néo-terrorisme mondial, a raffermi le leadership planétaire de Kofi Annan et son courage devant la vérité historique et devant les puissants de ce monde.

Kofi Annan, c’est enfin une fierté africaine et un “modèle” de serviteur de l’humanité, humble, courtois, fin, raffiné et citoyen du monde qui a piloté les affaires internationales du monde pendant deux mandats tenant fermement le gouvernail du bateau de 193 pays qui ont reconnu son leadership et son charisme hors norme.

Sans le chercher peut-être, Kofi Annan a symbolisé pour des millions de jeunes cadres africains ce volet important du combat de Cheikh Anta Diop pour la “Renaissance africaine”. Cheikh Anta disait en effet qu’il était urgent d’arrêter l’entreprise de démoralisation des peuples africains et surtout de nos jeunesses à qui on vend toujours un portrait négatif de leur continent, de sa prestigieuse histoire et de son identité pourtant résiliente. Quand nos jeunes cadres regardaient Kofi Annan assis sur le toit du monde et enfoncé dans le siège du pilote avec dignité et leadership, ils ne pouvaient qu’être inspirés et motivés. 

Après 44 ans de bons et loyaux services aux Nations Unies, au lieu d’opter pour un repos bien mérité, Kofi Annan, au contraire, a continué à dédier sa vie au “bonheur de servir” en acceptant en 2007 d’être le Chair de AGRA (Alliance for a Green Revolution in Africa) mais aussi un membre des Elders (groupe de sages africains créé en 2007 par Mandela). La même année 2007, il lança la “Fondation Kofi Annan” pour promouvoir la Paix et la sécurité, l’état de droit, le développement durable et les droits humains. Il y’a encore quelques semaines, il était sur le terrain, au Zimbabwé pour encourager la resolution pacifique des différends politiques.

Le Ghana contemporain nous a déjà donné deux prestigieux leaders de stature mondiale : l’inoubliable leader Panafricaniste Kwamé Nkrumah et l’inoubliable Diplomate et Homme de paix Koffi Annan. Il nous prépare un troisième avec le remarquable envol et le leadership panafricain du Président Nana Akufo-Addo devenu en si peu de temps une des boussoles majeures de l’Afrique contemporaine. 

Que Dieu bénisse l’âme de Kofi Annan et lui accorde les faveurs de son paradis céleste pour services rendus à l’humanité! Qu’il bénisse le Ghana et l’Afrique renaissante et unie! 

Cheikh tidiane gadioDr. Cheikh Tidiane Gadio

Député et ancien Ministre des Affaires étrangères (2000 – 2009)

Président de l’Institut Panafricain de Stratégies

Amadou Elimane Kane, invité spécial du magazine hebdomadaire Amphi FM sur Radio Chine

Le magazine hebdomadaire Amphi FM a invité Amadou Elimane Kane, poète écrivain, enseignant et chercheur, le 22 janvier 2018 pour un entretien de 45 minutes. Ecoutez l'émission ici : Amadou Elimane Kane, 22 janvier 2018, Amphi FM sur Radio Chine 
 

amadou-elimane-kane-009.jpg"Nous portons tous des valeurs particulières mais nous devons nous rassembler autour de la dimension humaine", Amadou Elimane Kane

 

Une nouvelle collection Poèmes des Afriques et d'Ailleurs dirigée par Thierry SINDA

Thierry SINDA, journaliste et poète, vient de créer une nouvelle collection poétique Poèmes des Afriques et d'Ailleurs, avec une première parution, le recueil Chant du Black Paname, suivi de Le cocotier irascible de Henri Moucle, Préface de Thierry Sinda, Un poète noir Montmartrois, éditions Delatour France, 2017

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Vidéo Poésies du monde à l'Hôtel de Ville de Paris le 9 mars 2017 avec Amadou Elimane Kane

Découvrez la vidéo du spectacle poétique et musical par les élèves du collège Charles Péguy et des écoles Bolivar et Lasalle, avec Amadou Elimane Kane, accompagnés en musique et en danse par Ali Wagué et Stéphane Mensah

Des rencontres denses de créativité avec Amadou Elimane Kane, invité d’honneur de l’académie de la Guadeloupe

Ce 18ème temps des poètes en Guadeloupe a été un moment dense rempli de créativité et d’émotions sincères. J’ai une profonde reconnaissance pour toutes les personnes qui ont contribué à rendre ces rencontres aussi belles et fécondes.

Nous avons ensemble rencontré les enseignants et les référents culture, en présence de Géraldine Camy, l’Inspectrice académique – Inspectrice pédagogique de Lettres, et j’ai pu conduire la formation Poésie et oralité, avec le soutien de Monsieur Claude Rivier, responsable de la Délégation académique à l’éducation artistique et à l’action culturelle, ici en Guadeloupe. Cette rencontre, pour ce que l’on m’a dit, a rencontré beaucoup d’écho auprès des pédagogues qui habitent votre académie, et en particulier auprès des professeurs documentalistes. Je suis très fier et très honoré de toutes ces paroles d’encouragement à poursuivre mon engagement pour la justice cognitive par la poésie et l’oralité.

Nous avons ensuite partagé un moment fort, celui de la cérémonie en hommage à Guy Tirolien, en présence de sa famille, au collège Nelson Mandela, sur l’île de Marie-Galante. Dans cet espace puissant de rêve, nous avons vécu un moment mémorable où les élèves ont investi la poésie de Guy Tirolien et nous avons, ensemble, célébré sa puissance poétique. Quel moment de partage et de créativité. J’ai offert un de mes livres à la famille de Guy Tirolien, et il y a eu ce moment inoubliable où nous avons dialogué avec Guy Tirolien, à travers sa poésie, ma poésie, notre poésie. Cette rencontre a été possible grâce à Monsieur Welé, principal du collège Nelson Mandela que je salue fraternellement.

Puis avec Claude Rivier, nous sommes allés à la rencontre des étudiants de lettres de 3ème année, en présence de Laurent Marlin, référent culture, de Thierry Césaire, responsable de l’action culturelle de l’université, d’Odile Hamot, professeure de lettres, et de Stéphane Radjouki, le bibliothécaire universitaire que je salue. J’ai animé une rencontre que j’intitule : Se raconter, se rencontrer autour de la poésie. Cet échange de dialogue a été très fort et productif pour notre réflexion poétique.

La rencontre à l’université Fouillole devant un public mixte de professeurs et d’étudiants était placée sous le signe de la poésie, celle de Guy Tirolien, celle des poètes antillais et de la mienne. Mon émotion a été grande de voir les liens qui nous rassemblent au-delà du temps, au-delà des kilomètres qui nous séparent, ces espaces inventés par notre histoire commune et notre patrimoine réuni. 

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Et enfin une soirée poétique mémorable au lycée Carnot, organisée par l’association des professeurs documentalistes de la Guadeloupe et par Anne-Marie Montantin, avec le soutien de Madame Succab, la Proviseure, instant exceptionnels où j’ai pu rencontrer Madame Guy Tirolien et ses enfants, Alain, Thérèse et Guy Tirolien Junior. J’ai retrouvé mon doyen, le grand poète et romancier Ernest Pépin qui a permis aux Guadeloupéens de connaître Cheikh Anta Diop, il est un exemple d’engagement pour les jeunes panafricains du Sénégal. Mais également le plaisir de voir le grand doyen essayiste Alain Rutil. Et j’ai fait la connaissance de Ronald Selbonne, un grand écrivain qui m’a beaucoup ému, tout comme Max Rippon, le grand poète écrivain qui porte la belle langue, la langue créole et qui m’a fait rêver.

J’ai vécu avec vous tous des moments très forts, uniques dans mon parcours d’écrivain poète, d’enseignant et de chercheur. Je remercie toute l’académie de la Guadeloupe qui m’a mis à l’honneur. Je suis très touché, très porté par tout ce que vous avez mis en œuvre, par tout ce que j’ai vécu avec vous.

J’accorde une mention spéciale à monsieur Claude Rivier qui a fait un travail remarquable d’organisation, et d’accompagnement, il est un homme de culture, je lui tends ma main gauche.

Je félicite les élèves et les enseignants pour tout le travail accompli autour de la poésie de Guy Tirolien, de la poésie antillaise et de ma poésie. C’est extraordinaire ce que l’on peut faire quand on se croise.

Je remercie toute la famille de Guy Tirolien, les éditions Jasor, en la personne de Régine Jasor qui a fait un travail extraordinaire. Je salue également l’organisateur et le président du Prix littéraire Fetkann ! Maryse Condé en la personne de José Pentoscrope.

Soyez sûrs que je repars en Afrique, en Europe et de par le monde en emportant vos regards et votre fraternité. Encore merci à l’ensemble de l’académie de la Guadeloupe qui m’a fait cet immense honneur. Malgré les mille tragédies que j’habite, les Guadeloupéens ont réussi à me les ôter pour m’ouvrir de nouveau un horizon perlé d’espoir.

 Amadou Elimane Kane, écrivain poète, enseignant et chercheur, lauréat du Prix littéraire FETKANN ! Maryse Condé 2016, Mémoire des Pays du Sud - Mémoire de l'Humanité - catégorie Poésie, mention spéciale du jury pour le caractère pédagogique de l'action poétique de l'ensemble de l’œuvre

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Abdoulaye Elimane Kane ou la mémoire dense de beauté

Plonger dans les mémoires d’Abdoulaye Elimane Kane est un vrai délice, une véritable immersion littéraire au sens plein du terme. Aek philosophe
Récit autobiographique, le livre est aussi un formidable témoignage de l’histoire du Sénégal du XXème siècle, de la culture peule et de la pensée philosophique africaine dans une démarche globale et plurielle. Un vrai délice donc ! Car au-delà des qualités esthétiques et littéraires, la voix d’Abdoulaye Elimane Kane est truculente, profonde, universelle, drôle et jamais prétentieuse. Abdoulaye Elimane Kane nous entraine sur le chemin de sa vie fascinante, de l’enfance à Dakar et sur les rives du fleuve Sénégal, puis de l’âge adulte, celui de l’université Cheikh Anta Diop jusqu’en France, une véritable épopée « nomade » qui nous offre des images vives de notre histoire, de notre culture.
Abdoulaye Elimane Kane possède de grandes qualités de conteur, l’histoire particulière qui est la sienne est aussi la nôtre tant il sait enrichir sa langue dans des détails qui nous emportent sur des terres lointaines mais pourtant si familières, celles de l’enfance, de la vallée du fleuve Sénégal, du Fouta Tooro, des quartiers de Dakar ou encore l’exploration des berges parisiennes, autant de lieux épiés et croqués avec une précision confondante. Tous les endroits qu’Abdoulaye Elimane Kane traverse, il les habite pleinement et les trace avec sa plume de belle manière, à la fois sensible, captivante et pittoresque.
Homme de lettres, de culture et de philosophie, Abdoulaye Elimane Kane sait rendre passionnantes toutes choses dans ce récit, alternant entre ses souvenirs personnels et une histoire plus vaste de plusieurs territoires, de cultures multiples qui appellent à une réflexion absolue qui est de déchiffrer la nature de l’être, cet humain incarné par son environnement, son éducation, ses initiations intimes, ses voyages, ses choix, ses doutes et ses joies. Tout est profondément humanité au cœur de ce voyage littéraire et sincère. Avec une étonnante facilité, Abdoulaye Elimane Kane aborde de nombreux sujets qui imprègnent la culture sénégalaise : la dynastie des familles, les rapports sociaux, la religion, les castes, la spiritualité, les croyances, les traditions ancestrales, l’héritage colonial, les valeurs de justice, la vie politique, puis plus largement le savoir, l’éducation, la transmission, la mémoire, autant de problématiques qui nous questionnent inlassablement.
Ainsi nous pouvons parcourir ce livre comme un guide pédagogique qui dit notre histoire, notre géographie, notre société avec une parfaite acuité, une intelligence fine et une élégance dans le style qui nous révèle la générosité du regard d’Abdoulaye Elimane Kane.
Construit en deux parties, le récit est un formidable document qui nous permet de revivre les faits de l’histoire coloniale, de la période des indépendances et celle de notre société contemporaine. Si la première partie intitulée Le plaisir d’apprendre et d’enseigner, tout un programme, où l’on suit les étapes de l’enfance, des études, de la vie universitaire et enseignante d’Abdoulaye Elimane Kane, la seconde, intitulée Les chemins de la vie, s’attarde plus volontiers sur la réflexion philosophique et politique, longuement murie par l’âge et l’expérience. Encore une fois, la grande Histoire rencontre l’intérieur de l’homme et c’est une alchimie littéraire qui nous séduit totalement.
Le début de la seconde partie, consacrée au nomadisme « naturel » d’Abdoulaye Elimane Kane et à la description des modes de déplacement au Sénégal, en Afrique, en Europe et en Asie sont comme autant de chroniques savoureuses du temps, des territoires explorés, de la société avec ses contradictions et ses tourments. En filigrane, il y est aussi question de son passé d’homme politique, de quelques aventures diplomatiques et d’échanges avec le vaste monde.
De ces nombreux déplacements qui forment comme des chemins de lumière sur la carte du globe, il reste un voyage qu’Abdoulaye Elimane Kane évoque avec délicatesse, c’est celui de la création littéraire. Il dit que le plus beau voyage reste celui de la pensée, de la fiction reconstruite à partir d’un réel fantasmé, de l’invention fondatrice des mondes, de ces terres inconnues qui se forment au gré de l’inspiration. Au fond, c’est aussi un récit qui possède des qualités poétiques car cette descente au cœur de notre culture, d’un temps qui a disparu, laisse des images symboliques dans notre regard de flâneur littéraire.
Pour le long chapitre consacré à la politique, là aussi nous nous retrouvons dans un moment d’histoire particulièrement vif, ponctué de faits détaillés qui permettent de mieux comprendre la vie politique sénégalaise et plus particulièrement la période du mandat d’Abdou Diouf. De ses responsabilités ministérielles, Abdoulaye Elimane Kane dresse un portrait toujours honnête et enthousiaste révélant un homme portant infatigablement des valeurs de justice et le sens de la république.
La philosophie « sauvage » riche de 400 pages se termine par l’évocation de l’asthme chronique dont souffre Abdoulaye Elimane Kane et de ses nombreuses contraintes. Cela lui permet d’évoquer les frontières de l’inconscient humain entre le plaisir et l’ennui, le désespoir et l’euphorie, les racines et l’identité, la vie et la mort, l’histoire singulière et universelle des hommes.
L’univers littéraire d’Abdoulaye Elimane Kane est si riche, si puissant que rien de vous empêche de (re)lire ses ouvrages de fiction qui tracent aussi de très beaux et émouvants voyages.
 
Amadou Elimane Kane, poète écrivain, enseignant chercheur
et fondateur de l’Institut Culturel Panafricain et de recherche de Yene
 
Philosophie « sauvage ». La vie a de longues jambes, éditions Sénégal L’Harmattan, collection Mémoires et Biographies, N°14, Dakar, 2014
 

Christiane Yandé Diop, la première gardienne du temple de la littérature africaine

Il existe des hommes et des femmes sans qui le monde contemporain ne serait pas tout à fait le même que celui qu’on traverse, celui qu’on habite. Madame diop
Christiane Yandé Diop fait partie incontestablement de ces êtres, le plus souvent cachés dans l’ombre, qui ont bouleversé l’histoire et qui œuvrent pour la postérité sans jamais se défaire de leur serment et sans jamais dévier de leur trajectoire.
Directrice de la maison d’édition Présence Africaine, compagne d’Alioune Diop depuis 1941, Christiane Yandé Diop a conservé de belle manière et transmis le flambeau de cette place mythique de la littérature africaine, située au cœur du quartier latin à Paris.
Fondée en 1949 par Alioune Diop, la maison d’édition Présence Africaine, et la revue du même nom, sont les organes symboliques de la diffusion de la littérature négro-africaine, de la culture et des arts du monde noir à travers le monde.
Au-delà même de cette activité de transmission littéraire, Présence Africaine a toujours respecté ses promesses les plus fondamentales et les plus profondes et a révolutionné la vitrine de la littérature négro-africaine.
En effet, comment imaginer, dans les années d’après guerre, qu’un homme de culture sénégalais puisse se confronter à la toute puissante littérature française en installant sa librairie rue des Écoles, antre universitaire et littéraire parisien par excellence, et fonde dans le même temps un lieu fabuleux de rencontres, un espace de réflexion, un outil de lutte pour l’exploration de la culture noire, un chant africain qui deviendra notre histoire et contribuera largement à la reconnaissance de notre patrimoine. Il y a bien sûr tout le travail et l’engagement d’Alioune Diop durant des décennies pour faire de Présence Africaine la référence africaine du monde intellectuel et littéraire au cœur de Paris. Mais il y a également la continuité historique tenue, depuis les années 80, par Christiane Yandé Diop.
Devenue aujourd’hui la marraine légendaire de toute la littérature africaine,  Christiane Yandé Diop n’a de cesse de continuer à promouvoir nos auteurs, nos penseurs, nos artistes. Confrontée au monde de l’édition parisien, impitoyable et écrasant de pouvoir, Christiane Yandé Diop ne désarme pas pour permettre un large accès aux livres négro-africains.
Par exemple, Présence Africaine a initié, bien avant les autres, bien avant l’explosion des ventes que l’on a vu ces dernières années, un catalogue de littérature jeunesse qui connait un grand succès et qui donne une idée de l’esprit novateur dont la maison d’édition fait preuve.
Malgré les difficultés pour la diffusion de la littérature négro-africaine,  Christiane Yandé Diop se dit déterminée à poursuivre la bataille engagée par Alioune Diop, Aimé Césaire et les autres et à proposer une vision moderne tournée vers les nouvelles technologies pour la diffusion de l’écrit. Elle dit encore que son objectif central demeure le développement de la culture africaine et c’est dans cette perspective unitaire qu’elle conçoit ses activités et ses combats.
Il faut lire et relire le catalogue légendaire des éditions Présence Africaine car ce travail est patrimoine pour le bien mondial de l’humanité.
Nul ne peut ignorer toute la force de la tâche réalisée par Présence Africaine et il convient à nous tous, acteurs du livre, de la littérature, de la culture, de transmettre ce bel héritage à la jeunesse pour continuer à planter, sans rupture, les belles pépites de la littérature, de la culture et des arts africains.
À travers cet altruisme sans faille et cette conception de l’échange, on ne peut que saluer le talent et la grande générosité de Christiane Yandé Diop qui façonne inlassablement notre avenir fécond et qui contribue à faire jaillir les flamboyants pluriels de la Renaissance Africaine.
 
Amadou Elimane Kane, poète écrivain, enseignant chercheur
et fondateur de l’Institut Culturel Panafricain et de recherche de Yene
 
Maison d’édition Présence Africaine : http://www.presenceafricaine.com/
 

Biram Dah Abeid : un panafricaniste combattant toutes les formes de pratiques esclavagistes en Mauritanie

BiramBiram Dah Abeid fait partie de ces hommes engagés qui militent pour une cause fondamentale des droits humains, celle de l’abolition des pratiques esclavagistes préexistantes en Mauritanie. Tout récemment, en 2013, il a reçu le prix des Droits de l’Homme des Nations Unies pour la lutte qu’il a entamée depuis maintenant trente ans. Ainsi la communauté internationale lui reconnaît le statut de son combat contre les pratiques esclavagistes et les discriminations en Mauritanie comme une cause essentielle à l’ensemble de l’humanité. Le principe fondateur de la dignité humaine que défend Biram Dah Abeid doit être soutenu et porté afin d’éclairer le devenir du continent africain par une vision juste et vertueuse qui admet l’égalité des populations.
Militant mauritanien, né en 1965 à Rosso, Biram Dah Abeid est historien et avocat. Il est aussi la figure emblématique de la bataille contre l’esclavage en Mauritanie. Descendant d’esclave par son père, Biram Dah Abeid grandit dans un univers où les maures imposent leur pouvoir aux communautés noires de Mauritanie. Révolté et indigné par ces pratiques d’un autre temps et ces discriminations grandissantes, Biram Dah Abeid milite très tôt au sein de mouvements politiques progressistes. Il est également un acteur important au sein d’Organisations Non Gouvernementales antiesclavagistes, avant de fonder en 2008 l’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA-Mauritanie), un mouvement qui lui sert à dénoncer sans relâche les pratiques esclavagistes scandaleuses toujours en vigueur en Mauritanie.
Ne cédant à aucune pression politique ou idéologique, et poursuivant son combat de l’éthique et de la justice, Biram Dah Abeid est emprisonné à plusieurs reprises en Mauritanie car considéré comme un citoyen dangereux, une fatwa est d’ailleurs lancée contre sa personne. Lors d’une manifestation en 2012, Biram Dah Abeid brûle des textes de droit de l’école Malikite, l’une des écoles de droit musulman qui encourage la pratique de l’esclavage. La même année, après plusieurs mois de détention préventive, il est finalement relâché et son procès annulé pour vice de forme par la cour criminelle de Nouakchott.
Ainsi Biram Dah Abeid devient une figure majeure de la lutte en Mauritanie, et en Afrique, contre des pratiques criminelles et barbares qui réduisent l’humanité à néant. Il dit avoir beaucoup réfléchi aux sentiments de peur, de cupidité et de conformisme qui parasitent la vision du leader en Afrique. Tous ces troubles de la personnalité doivent être maîtrisés pour pouvoir proposer un nouveau monde éclairé fait de justice, d’égalité et de solidarité.
Intransigeant, déterminé et visionnaire, plaçant au centre l’intérêt commun des populations noires de Mauritanie, Biram Dah Abeid continue sans sourciller, malgré les menaces, à proposer une autre mode de société pour la Mauritanie, pour le continent africain. Et c’est cela qui fait sa force, ce combat dont il ne s’est jamais défait et qui le place comme un réel défenseur des droits humains fondamentaux et comme un penseur panafricaniste pour une Afrique réunie.
L’engagement, la détermination, la défense antiesclavagiste, la solidité de son désintérêt personnel, sa perception humaine font de Biram Dah Abeid un candidat sérieux au nouveau leadership africain. Car au sein des enjeux économiques, culturels, sociétaux et politiques de la construction des Etats-Unis d’Afrique, Biram Dah Abeid se positionne comme un panafricaniste moderne, humain, qui revendique l’unité africaine dans ce qu’elle a de plus fondamentale, c’est-à-dire dans la dignité humaine, le rétablissement de la justice, la fin des discriminations et l’abolissement d’une pratique esclavagiste intolérable et honteuse. Militant aussi des langues nationales africaines et favorable à l’introduction d’une monnaie continentale, Biram Dah Abeid s’inscrit puissamment dans la démarche de la Renaissance Africaine et de la construction des Etats-Unis d’Afrique.
Résolu à conquérir un espace politique où la justice est pauvre et réduite à néant, Biram Dah Abeid combat également toutes les formes de corruption et les actes de détournements des deniers publics, convaincu que ces pratiques sont tout autant criminelles et empêchent le continent africain d’émerger dans l’équilibre et l’épanouissement.
Ainsi le combat de Biram Dah Abeid s’inscrit dans le temps et dans l’histoire et doit marquer l’avènement d’une Afrique nouvelle, celle tournée vers l’équité, vers l’unité, vers la justice, vers la réhabilitation de ses valeurs culturelles et sociales, vers la défense des droits humains fondamentaux, vers l’abnégation et la probation des dirigeants. Un continent africain rebâti autour des principes humains qui fera renaître les flambeaux de la réconciliation, de la dignité, de la modernité et de la justice.
 
Amadou Elimane kane, poète écrivain, enseignant  chercheur en sciences cognitives
et fondateur de l’Institut Culturel Panafricain et de recherche de Yene/Sénégal

Ecrire pour survivre, par Oumar Diagne

Oumar
On peut se demander ce qui pousse à écrire. Est-ce un besoin de reconnaissance, de communiquer, d’influencer  le cours de l’histoire, d’éduquer, etc.  Chacun peut avoir ses motivations mais il est certain que l’on peut écrire pour survivre.
Certains êtres sont plongés dans une quête de sens et cette quête peut les entraîner  dans des abîmes douloureux. Dans le silence et la solitude, ils sont habités par des volcans  intérieurs qui les rongent. Et face  à cette situation, ils n’ont pas beaucoup de choix car les forces qui demeurent en eux les lient.
Chaque être humain aspire au bonheur. Malheureusement, pour certains esprits, il est difficile à atteindre non pour des raisons matérielles, familiales, de relations mais à cause de leur nature. Leur situation est d’autant plus délicate que nous vivons dans un monde où l’idée du bonheur est modélisée. La  bonne santé, l’amour, la famille idéale, la réussite sociale, la richesse sont considérés comme les  choses à acquérir pour être heureux. Pourtant toutes ces aspirations humaines répondent à des aléas et conduisent souvent à la désillusion.
Il ne s’agit pas de nier l’importance de la santé, de la vie de famille, etc. mais ce que je veux dire est que toutes ces aspirations sont aléatoires, volatiles. La vie  elle-même faite de fragilités, de réussites, d’échecs. Le vrai bonheur ne dépend d’aucun aléa. Il  vient de notre for intérieur  et celui-là intègre la vulnérabilité de l’existence.
Il n’est nullement interdit, bien au contraire, d’améliorer ses conditions matérielles de vie, d’habiter son corps, d’en prendre soin et de le chérir. Mais le bonheur ne pourrait être confondu avec le  plaisir et l’agréable, le bien-être et le confort physique.
« Le bonheur vient de nous-mêmes. Il représente une disposition, une aptitude interne psychique. Il prend son origine dans cette extraordinaire  mais simple sensation d’exister, dans cette ineffable certitude d’être vivant et entier dans un corps réel. Il se trouve dans le plaisir de vivre, dans le désir et l’«en-vie»  d’exister, vivant parmi les vivants, et non dans les plaisirs de la vie. »[1]
Ces êtres dont je parle qui sont minés par une quête profonde, voient l’absurdité de la vie et voient la limite de ce qui leur est proposé pour donner sens à leur destinée. Ils ne se trouvent pas dans le plaisir de vivre.
 Un des écrivains les plus célèbres qui s’est penché sur cette question est Albert Camus.
L’idée de l’absurde a été  pensée  par cet auteur dans le Mythe de Sisyphe (1942), reprise dans l’Etranger(1942) puis au théâtre dans Caligula et le Malentendu (1944).
Pour cet auteur, L’Absurde est lié à la situation de  l’homme qui ne saisit pas le sens du monde et qui est incapable de donner un sens à la vie. Il s’agit de « ce divorce entre l’homme et sa vie, l’acteur et son décor, c’est proprement le sentiment de l’absurdité. » Ainsi Albert Camus refuse toute transcendance ou idéologie. Il fait face à une situation dont il tirera des conséquences. Il s’agit pour le commun des mortels, d'une attitude difficile à supporter.
Cette condition conduit, la plupart des gens, à un désespoir, à une dépression. On peut ainsi comprendre pourquoi de nombreuses personnes s’accrochent à des idéologies, à des croyances pouvant les amener aux plus ignobles violences. La vérité est, qu’au fond d’eux, ils sont envoutés par la peur de faire face à leur condition d'homme.
Je fais, pour ma part, une différence entre la religion et la spiritualité. La spiritualité grandit tandis que la religiosité aveugle.
L’homme, d’une façon générale, cherche le bonheur à tout prix. Malheureusement, cette quête est souvent teintée d’illusions, de cécité, de peurs. Le vrai bonheur est celui qui conduit à la vie. Être heureux, c’est être vivant, être habité par une libido qui circule avec fluidité. La libido est entendue, ici, non pas au sens freudien mais comme une énergie.
Le problème de ces êtres confrontés à l’absurde est justement de concilier leur perception du monde et la vitalité. C’est pour cette raison que j’ai intitulé mon article « Ecrire pour survivre » car il est difficile d’être habité par l’absence de sens et,  en même temps, être heureux.
Le sentiment de l’absurde conduit chez de nombreux êtres humains à un blocage de la circulation de l’énergie. Il faudrait une grande habileté pour parvenir à dépasser cet état.
Il y a chez l’être humain un penchant pour donner un sens à sa vie. C’est pourquoi depuis le début de l'histoire humaine, il s'y est adonné. C’est cette propension humaine qui a donné naissance aux mythes qui, contrairement à ce que l’on croit, ne sont pas encore morts. Sauf, qu’aujourd’hui, ils sont habillés de science.
La quête de sens est aujourd’hui criante. Après le siècle des lumières, on a cru que l’être humain serait habité par la raison et qu’il trouverait des réponses à ses questions, le vrai sens de la vie. Tel n'est pas le cas. De nos jours, la déconvenue est criante et nombre de violences sont liées à cette quête. L'économie libérale fait des ravages, les guerres au nom de Dieu démolissent des peuples et créent des zizanies entre nations.
Bref, il est difficile de vivre sans sens et l’écrivain de l’absurde est celui qui s’investit pour explorer son univers intérieur pour ne pas sombrer car il faut s’investir quelque part pour faire circuler son énergie souvent chancelante. L’écriture devient ainsi une source de  survie. C’est pour cette raison que, souvent, certains écrivains ou artistes, de manière générale, boivent, s’investissent dans le sexe, la drogue, etc.
La circulation de la libido est nécessaire à la survie. Et l’absence de sens conduit souvent à une difficulté de vivre. L’écriture devient ainsi comme  un pansement. L’inhibition de la libido conduit à un  tel comportement.
 La force de l’écrivain de l’absurde est qu’il habite une nuit éclairée. Il  fait face à l’étrangeté de la vie. Il ne se contente pas d’idées qui figent. Il interroge sans fin dans la douleur avec courage. L’écriture devient  pour lui une des rares sources où il peut s’altérer pour étancher sa soif. Face à la feuille blanche, il fouille les coins et les recoins pour avancer à petits pas à la quête d’un sens qui fuit toujours. Il est l’albatros aux grandes ailes dont parlait Charles Baudelaire. Il est le moineau qui s’envole de lieu en lieu pour trouver sa pitance. Il ne se contente pas de la tyrannie des idées ambiantes. Il marche sur des chemins rocailleux, trainant de lancinantes plaies aux pieds. Il se faufile au cœur d’immenses et opaques forêts à la recherche de clairières.
L’écrivain de l’absurde « procède par éclairs, par brisures, définissant une dialectique des contraires, héritées d’Héraclite, qui oppose tour à tour lumière et ténèbres, amour et amitié, petits et grands, mal et bien, homme et Dieu, musique et silence, mort et éternité.»[2]
Il ne faut pas croire que ce fouineur est un masochiste. Il est simplement pris par le tourment de sa quête sans fin. Il ne peut se contenter de la facilité. Il est lié par sa  propre nature.
Oumar Diagne, poète écrivain

[1] Moussa Nabati, le bonheur d’être soi, Editons Le livre de poche, p.18-19

[2] Anne Sophie Yoo,  « Steiner face aux ténèbres », in Valeurs actuelles, 10 mai 2012, p.61

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Hommage à Hamath Sall, un bâtisseur de nos espérances

Notre ami et frère Hamath Sall nous a quittés brutalement et c’est avec une infinie tristesse que j’écris ces mots. Amath
Des mots qui me viennent au plus profond de mes souvenirs, au plus profond de mon être, pour l’homme qu’il était, un homme engagé, humble et attaché aux réformes de progrès, d’épanouissement et d’harmonie pour notre pays et pour le peuple, mon peuple, l’humanité toute entière.
Economiste de formation, Hamath Sall s’est toujours posé en tant qu’intellectuel pour offrir à la nation ses compétences, ses connaissances pour permettre le renouveau. Hamath Sall fait partie, selon moi, des hommes de la Renaissance. Alors cette disparition, trop tôt survenue, est une immense perte, en premier lieu pour ses proches, mais aussi pour tout le peuple sénégalais.
Ministre de l’agriculture en 2007, sous la gouvernance d’Abdoulaye Wade, il a été l’artisan bâtisseur du programme de la GOANA qui a permis de rénover la production locale et d’insuffler un incalculable espoir en faveur de l’autonomie alimentaire de nos régions.
Sa simplicité et ses engagements indéfectibles ont fait de lui un homme majeur du redressement au Sénégal de ce début du 21ème siècle, un homme qui est entré dans notre histoire commune, celle des grands projets et de l’intérêt collectif. Associé un temps au programme de la Banque Mondiale pour la Gambie et le Mali, il a également participé à la reprise économique de plusieurs territoires, appartenant à notre vaste ensemble de l’Afrique de l’Ouest.
Profondément ancré dans la réflexion et le partage, il croyait fermement au pouvoir fédérateur des Etats et à l’union continentale. C’était un grand homme qui défendait les valeurs d’unité, de concorde et de renaissance.
Sans lui, le Sénégal est orphelin d’un monde et d’un acteur essentiel pour la reconstruction africaine et par-delà universelle.
On dit aussi qu’en secret, il écrivait de la poésie et cela, bien entendu, me parle encore plus amplement. Si Hamath Sall était cet homme-là, c’est parce qu’il côtoyait les rives poétiques de la création.
Alors comme un hommage qui traversera le temps, qui traversera la terre africaine, je dédie ces quelques vers à Hamath Sall qui nous accompagne sur le chemin de notre destinée, sur les voies de la Renaissance, celle que nous devons porter comme des flambeaux, pour faire battre les soleils, tous les soleils de nos libertés.
 
Le Flamboyant de la Renaissance
 
Je cherche
Partout et toujours 
Dans les temps nouveaux
Entre l’aube et le crépuscule
Entre le sommeil et le songe
Entre le soleil et la lune
Entre le fleuve et la mer
Entre la forêt et la savane
Parmi les arbres
Parmi les fleurs
Parmi les cauris
Parmi les silex
Parmi les pétales matinaux
Parmi les bâtisseurs
Toi le berceau de mon verbe
Pour y réveiller les soleils
Tous les soleils de nos libertés
Les soleils de renaissance
Perlés des flambeaux de savoir
De tous les savoirs
Depuis la source sacrée le Nil
Jusqu’aux temps nouveaux
Comment voulez-vous
Que je me taise
 
Amadou Elimane kane, poète écrivain, enseignant  chercheur et fondateur de l’Institut Culturel Panafricain et de recherche de Yene/Sénégal

Hommage à deux de nos amis disparus

Au professeur Alassane NDAW et à Khady SYLLA : La patrie reconnaissante 13977367lamine-sall-2-jpg.jpg

Par Amadou Lamine SALL

La mort descend de plus en plus sur le monde, sur ceux que nous avons aimés. Bruno Metsu est aussi de ceux là.  Et nous nous sentons vains. Et le temps passe. Et l’oubli s’installe. Mais nous refuserons d’oublier des êtres chers que nous avons respectés, parce qu'ils ont respecté et grandi la discipline qu'ils ont choisi de servir. Le Sénégal doit une tombe à nombre de ses fils qui ont porté loin son nom ! Une stèle devrait être érigée sur la place de l’indépendance portant le nom de ces femmes et hommes qui, dans la lumière, ont servi leur nation. Ces soldats ont le front face au soleil ! L’Université a perdu d’illustres enseignants. Leur nom mériterait de figurer sur une pierre à côté des facultés qu’ils ont servies avec tant de bonheur. La pierre dure plus longtemps que l’homme. Ce qui finalement nous sauve face à  la mort, c’est que « croire en Dieu rend plus heureux »  et nous permet de nous élever au dessus des deuils et des douleurs qu’un simple cœur de mortel ne saurait contenir. Nous nous couchons chaque soir recroquevillés dans nos os, soumis à l’horloge de la chimie de notre corps, et chaque réveil relève d’un miracle du divin.
Alassane Ndaw fut un  professeur décisif et fort brillant, en plus d'avoir été un ouvreur de pensée, un passeur de concepts, un semeur de l'esprit. Khady Sylla, écrivain et cinéaste, était une créatrice habitée et puissamment inspirée.  Tous les deux sont montés au ciel, après avoir servi la terre, en laissant à leur pays un patrimoine au service de la connaissance et de la beauté.
J'ai appris que la philosophie était le don de l'étonnement. Qui ne s'étonne pas ne philosophera pas comme il se doit. Premier professeur noir enseignant la philosophie, Alassane Ndaw a placé la pensée africaine au cœur d’une validation philosophique universelle, au-delà de ceux qui croient à UNE ou DES philosophies. La portée de sa réflexion a enrichi un champ de connaissances qui, désormais, s’est installé dans une tranquille légitimité. La vérité est que dés la création du monde, l’homme a philosophé bien avant la philosophie. Exister, c’est déjà entrer en philosophie. Le professeur Alassane Ndao a rallumé toutes les lumières sur la puissance de la pensée africaine. Pour avoir mené une réflexion hardie et féconde, il fut non seulement un précurseur, mais un maître. Il nous a laissés des héritiers dont les noms chantent et que les mondes académiques les plus pointus, aux confins les plus reculés, saluent et honorent avec respect. Parmi les bergers, le frère bien-aimé Souleymane Bachir Diagne, Mamoussé Diagne, le prince du dire.
Le grand mérite du professeur Alassane Ndaw, c’est de nous avoir permis, en inaugurant le levée des soleils, d’avoir chez nous, en condensé, le meilleur de Kocc Barma, Platon, Aristote, Leibnitz, Spinoza, Kant, Nietzsche. Je salue ici à haute voix sa mémoire. Je salue le professeur et l’ami, le persuasif collaborateur de la Fondation L.S.Senghor où nous nous retrouvions avec Basile, Moustapha Niasse, le défunt et admirable professeur Assane Seck, Maitre Boucounta Diallo, Maitre Senghor, notaire.
Alassane Ndaw  dont Sédar aimait à saluer la solidité et la pertinence de la pensée, avait choisi de servir sa culture pour la valoriser, la donner en exemple au monde, la poser sur les rayons de la bibliothèque universelle pour qu’elle féconde d'autres cultures, d'autres esprits. Quelle meilleure fortune un homme  pouvait- il laisser en héritage à ses semblables et loin dans les siècles ?          
L'histoire de la pensée a déjà retenu le nom d’Alassane Ndaw. L'Université, là où le savoir trouve son plus sûr refuge, n'oubliera pas ce jardinier de l’esprit. Quant à l'homme, et je puis en témoigner, il était le résumé d'un homme de bien. Humble et effacé comme seuls savent l'être les hommes de grandeur, le professeur Alassane Ndaw était la courtoisie même, dans une élégance de port, un goût du raffinement  et un propos gracieux. Je garde de lui et de l'affection qu'iĺ me vouait comme à tant d'autres, l'image d'un nid. Il aimait et protégeait ceux qui honoraient la pensée. Cette figure est de celle qui ne disparaîtra jamais de notre horizon et de notre cœur.  
Quant à Khady Sylla, elle était une sœur bien-aimée. Elle fut une femme qui s’est  beaucoup, beaucoup préoccupée d’œuvres de créations fortes et inédites. Son talent était sans faute. Khady aimait l’art, c'est-à-dire tout ce qui rendait la vie encore meilleure que  la vie. Elle s’est toujours battue avec très peu d’or. Elle et moi parlions souvent de cette vie d’artiste si ingrate, comme si chez nous servir la beauté, nourrir l’esprit, quêter l’esthétique, attiraient le maléfice. Khady et moi avons toujours eu des échanges souffrants avec des mots  joyeux. Je m’efforçais toujours de la convaincre que son talent serait récompensé un jour. La mort n’a pas voulu attendre. Tant pis pour elle ! Khady nous restera.
J'ai été parmi les premiers à avoir lu son manuscrit: "le jeu de la mer". Je venais de découvrir une étonnante jeune femme qui allait marquer la littérature sénégalaise. Ce roman publié doit être redécouvert et lu. Khady était un bijou. Sa plume était neuve, sûre. Son écriture réinventait le roman sénégalais. Sa technique narrative était éblouissante.  Le jury qui lui avait attribué une mention spéciale au début des grands prix du président de la République, n’avait pas sans doute mesuré à sa juste valeur l’œuvre de cette jeune fille qui avait bouleversé les normes. Peut être que Khady était venue trop tôt. Les jurys ne sont pas infaillibles, surtout quand ils ne sont composés rien que par de respectueux, tranquilles et tutélaires professeurs. L’académisme est ombrageux. C’est de son épuisement que nait toujours dans l’infidélité, une nouvelle littérature.
Je connais peu les films de Khady Sylla. Le temps de l’image n’est pas le temps du livre. Elle venait me parler de ses tournages, de ses recherches difficiles de fonds. La vie lui aura refusé bien des bonheurs, comme  cela arrive à des créatures à qui Dieu a donné une part rare de Sa machinerie qui lui est si unique. 
Le professeur Alassane Ndaw comme Khady Sylla ont rendu visible ce qui était invisible en nous. Tel est le mérite de penser l’être et l’universel aux confins des modes de connaissances à la fois les plus fins et les plus épais, dont la philosophie. Tel est le pouvoir de la littérature, indispensable et irremplaçable. Tel est le temps de l’image et ses usines du rêve. Nos deux chers disparus ont rempli leur mission. Ce qu’ils ont fait requiert plus de travail que celui d’une autoroute. Partout où un État a dégradé la pensée, il s’est dégradé lui-même. Ce qui tire un pays vers le haut est dans l’investissement de la pensée, des arts, des sciences. C’est là le plus sûr des investissements économiques, le meilleur des raccourcis. Cette trajectoire a besoin de réformes douloureuses, d’hommes d’État visionnaires, inébranlables, pragmatiques. Une maison a besoin de lumière, d’air, de l’herbe qui pousse, d’arbres, d’enfants qui rient, d’une maman que l’on chante, d’un père que l’on loue, de vieillards qui prient. C’est de cette manière que s’épanouit également la pensée. Puisse le Sénégal, notre beau et grand petit pays, donner plus de pouvoir et de respect à l’esprit, c'est-à-dire au développement intégral !
Reposez en paix professeur Ndaw : vos bergers gardent le troupeau.
Khady, toi qui aimais tant rire, nous t’avons construit un coin de soleil dans notre cœur.

                                                         Amadou Lamine Sall, poète et Lauréat des Grands Prix de l’Académie française

 

 

A Nelson Mandela Madiba

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Tu peux mourir Mandela
Et toujours revivre indéfiniment
Jamais avec toi
Ton esprit rebelle ne mourra
Liberté en amont et en aval
Derviche tourneur
Tu peux partir
Loin là-bas au-delà des mers des horizons
Et sur la pointe de tes pieds de danseur infatigable
De géant aux ailles d’elfe
De nomade parcourant les oasis de paix
Glisser tout doucement vers le silence
Avec toi nous irons loin
Et toujours plus haut
Tu peux mourir
Et ton corps disparaître dans la tombe remplie de honte
Tu peux partir sans te retourner sur ton aura
Etoile lumineuse  brillant au firmament
Mais jamais dans le néant tu n’entreras
Ni dans les brumes ne plongeras
Jamais dans le noir obscur tu ne disparaîtras
Auréole de l’aube et d’aurores fragiles
Par tes rêves tes actes tes silences tes bruits
Par tes cris et refus
Tu nous as enchantés
Bercés sevrés
Emancipés
Sur tous les espaces d’humanité
Tu peux mourir Mandela
Mais jamais après toi
L’oubli ne nous consumera
Comme des fantômes envahissants tenaces
Les larmes de Soweto ne sécheront pas
Les balles assassines de l’apartheid ne se tairont pas
Même dans le sillage de tes sillons de fierté
Les soleils des enfants de la révolte
Steve Biko
A jamais seront fusillés
Mais semées en graines de promesses de futurs enchanteurs
Les gouttes de lumière une à une cueillies
S’allumeront pour illuminer notre terre la terre
Et les champs inséminés féconderont des moissons éternelles
Tu peux enfin dormir Madiba
Même restés trop longtemps en éveil
Tes yeux nyctalopes traversent les brumes des obscurités
Pour en chasser l’obscurantisme
Et installer au frontispice de notre Panthéon
Des vieux lions rois sages
La fierté du peuple arc-en-ciel
Tels des phasmes sur des rochers
Le ressac ininterrompu sur les rivages hospitaliers
Ta spiritualité fait corps avec la ferveur
De toutes les nations solidaires
Tu peux te reposer Madiba
Incassable moine guerrier
De ton grand combat
De tes dures et âpres batailles
De tes peines et privations à Roben Island
Ton nom à jamais
Sur notre ciel inscrit en lettres d’or et de feux
Rimera avec espoir
Dignité
Pardon
Et réconciliation
 
Ndongo MBAYE
01 Juillet 2013
Dans le TGV Vers les 9èmes Rencontres de l’ODAS à Marseille.
 
 
 

LA RENONCIATION DU PAPE BENOIT XVI : UNE JURISPRUDENCE DE LA SAGESSE

n-dongo-m-baye-l-ami-le-poete-1.jpgQuel geste fort que celui de la renonciation du Pape Benoit XVI qui prendra effet le 28 Février à 20h, heure du Vatican !
Mais surtout quelle sacrée leçon d’humilité, de sagesse, de modernité (eh oui !), quelque puisse être le jugement que nous pouvons porter sur la personnalité du Souverain Pontife dont le pouvoir a été marqué du sceau de la tradition, et du conservatisme.
Dans ce geste,  nous pouvons noter plusieurs dimensions : la religieuse, qui consiste à honorer la modestie ; la spirituelle qui transcende le corps et l’esprit, la  moderne qui ouvre les portes à la jeunesse  pour une continuité plus active du sacerdoce.
La jurisprudence de cette démission devrait toucher de grâce nos très chers dirigeants qui préfèrent mourir sous le fardeau de leurs charges présidentielles au lieu de savoir prendre à temps les dispositions pré-requises, pour partir dans la grandeur et par la grande porte de l’Histoire , au lieu d’obliger leurs peuples à les honnir, les combattre, les humilier avant de les bouter hors du train du jeu politique et citoyen, et par les interstices des judas de leurs turpitudes.
Combien de nos leaders, pères et « oncles » des indépendances ou « fils »et « neveux » des périodes post indépendances auraient gagné en stature, en dignité, en exemplarité pour les générations présentes et futures, s’ils avaient su quitter leur tour d’ivoire,  sur la pointe des pieds, au faîte de leur charisme, de leur éthique et de la morale républicaine.
La grandeur de Benoit XVI aura été de savoir sentir son corps et ses artères, ses muscles cervicaux, la solidité de son équilibre, et de soupeser tout cela à l’aune des lourdes charges de son magister.
Pour prendre une telle décision historique, il aura fallu du courage, cet apanage (et ce panache !) des grands hommes qui savent, comme les vrais hommes de savoirs et les poètes, quand il faut arrêter.
Puisse nos peuples savoir prendre le relais pour monter et démontrer à ceux qui se croient immortels que le chemin n’est pas le cheminement !
 
Dr Ndongo MBAYE
Docteur-es-lettres
Sociologue et journaliste
Poète-écrivain
Professeur-Associé en Communication  et Sociologie à l’UCAD  (Université Cheikh Anta Diop) et à l’Institut de Formation en Administration des Affaires (IFAA)
Membre du Comité Scientifique de  l’Institut Culturel Panafricain et de Recherche de Yène (ICP)
Directeur du Département Lettres et Cultures de l’ICP
Responsable du Pôle Loisirs Retraités et Handicapés de la Mairie de Choisy-Le-Roi (Val de Marne) France.

François Hollande : l’Humanisme debout ! par Amadou Elimane Kane

« L’histoire que nous avons en commun est belle, rebelle et cruelle » La première visite officielle du Président français François Hollande au Sénégal était très attendue. Et son discours à notre pays aussi. Et bien le discours de François Hollande est à la hauteur de nos espérances car c’est un discours fort, un discours du 21ème siècle qui propose un futur d’humanité et de respect. amadou-elimane-kane-009.jpg

Si on analyse le schéma du discours de François Hollande, on peut constater que l’on est sorti du regard paternaliste que porte trop souvent encore l’occident à l’égard de l’Afrique et des Africains. Il n’y a aucune suffisance française dans le ton de François Hollande mais une vraie conception intellectuelle qui place l’Afrique comme partie intégrante de l’humanité. 

François Hollande met en lumière notre partage commun, celui de la langue, cette francophonie qui nous rapproche et dont nous pouvons être les porteurs de messages ensemble avec une association d’égal à égal. Il souligne aussi notre histoire souvent douloureuse dont il veut laver les outrages, les douleurs et dont il veut honorer la mémoire. A Gorée, il veut s’incliner devant ces hommes, ces femmes, ces enfants qui ont été massacrés par la traite négrière et par l’esclavage. 

C’est un geste puissant, symbolique de la repentance, de respect et de fraternité humaine. Il dit que l’on doit perpétuer la mémoire de l’esclavage, nommé crime contre l’humanité, en poursuivant l’enseignement de son histoire dans les écoles de France et partout ailleurs. Il dit encore que le devoir de la France est de rendre les archives du massacre du camp de Thiaroye en 1944. 

Il rend hommage aux combattants sénégalais des deux guerres mondiales qui ont versé leur sang et libéré le monde du joug allemand. Il rappelle le travail de Blaise Diagne pour l’Etat français, celui de Léopold Sédar Senghor, rédacteur de la constitution française de la 5ème république, celle là même qui lui permet d’être proclamé chef de la nation française. « Je m’inclinerai devant l’histoire et je m’engagerai pour la dignité humaine partout où elle est blessée ». 

François Hollande ouvre ici les portes d’une réconciliation, d’une belle fraternité, avec des idées justes, généreuses, en toute humilité, sans se poser en modèle ni en donneur de leçon. On est loin, très loin du discours de Nicolas Sarkozy en 2007 à l‘UCAD, qui proclamait une leçon civilisatrice, ethnocentrique, eurocentriste, rappelant ainsi les discours des théoriciens racistes du 19ème siècle. François Hollande se démarque, infligeant une rupture dans l’histoire politique des relations entre la France, le Sénégal et l’Afrique en portant une vision qui rend justice. 

Il souligne le respect mutuel qui existe entre nos deux peuples, les convictions qui les rassemblent, les combats contre la corruption, contre l’injustice sociale à mener côte à côte. Tous les éléments de son discours rapprochent les hommes pour une lutte universelle : celle de la justice, de la fraternité et de la dignité. Il propose encore d’assouplir les formalités administratives pour faciliter la circulation des étudiants et des artistes sénégalais en France. Car le partage c’est aussi cela, encourager les échanges pour faire tomber les murs de l’ignorance et pour défendre la connaissance. 

Il indique de manière précise la fin de la Françafrique. « Il y a la France, il y a l’Afrique et ce sont des partenaires pour le développement ». Le discours de François Hollande est un hymne à l’Afrique. Il dit que l’Afrique est « la terre d’avenir du monde » en soulignant son formidable élan démographique, sa jeunesse qui aura à jouer une part importante dans le développement mondial, ses richesses naturelles, ses potentiels humains immenses mais en rappelant que c’est aux Africains, et à eux seuls, de prendre en main leur avenir. Le choix des mots de François Hollande et le champ lexical utilisés sont ceux de l’espoir, du respect et des potentiels du continent. 

François Hollande rompt avec l’afro-pessimisme en saluant l’exercice démocratique du Sénégal et sa formidable avancée avec une assemblée nationale constituée dans une réelle parité homme/femme, comme un exemple pour la France et pour le monde. Oui, le discours de François Hollande, marqué d’un nouvel humanisme, est un discours de reconnaissance et s’engage sur la voie de la Renaissance Africaine. « J’ai confiance car l’Afrique est en marche », dit-il encore. 

Bien sûr ce grand discours du Président français devra être soutenu par des actes et nous en attendons beaucoup mais c’est à nous d’en mesurer la portée pour engager notre vitalité et mettre en œuvre notre émergence. Les valeurs universelles portées par François Hollande mettent en lumière l’importance de l’homme tout court, sans distinction d’appartenance. Défendre la justice, l’équité, la dignité humaine n’ont pas de couleur, n’ont pas de pays, ces actes sont absolus et c’est ensemble que nous devons relever le défi. 

Lorsque j’entends parler François Hollande, en tant qu’homme, je ne vois pas l’homme blanc, le chef d’Etat français, j’entends un homme qui me parle des valeurs essentielles que tous nous devons porter et qui doivent nous transporter dans des ciels de créativité et d’une humanité debout. Fini les discours épidermiques, réducteurs, destructeurs où nous dirions que la seule cause de notre échec est l’homme blanc. Fini d’infantiliser l’homme noir le croyant incapable d’affronter ses responsabilités. Le temps est à la lucidité, à l’honnêteté et à la redécouverte de notre identité. 

Le discours de François Hollande, en rupture totale avec les liens de dépendance de vision unilatérale qui ont jalonné notre histoire, est un discours d’égal à égal, « épaule contre épaule ». 

François Hollande s’adresse aux hommes, à tous les hommes dont nous sommes, des hommes dignes et responsables de l’avenir du 21ème siècle et de l’Afrique. 

Amadou Elimane Kane, poète écrivain, enseignant chercheur et fondateur de l’Institut Culturel Panafricain de Yene kaneamadouelimane@yahoo.fr

Article publié sur Seneweb le 22 octobre 2012

Amadou Elimane Kane, le poète qui oeuvre pour une humanité juste

 

Amadou Elimane Kane, enseignant chercheur, poète écrivain, fondateur de l’institut culturel panafricain de Yene : «L’unité politique, culturelle, sociale et économique est toujours l’enjeu majeur du continent africain et elle doit se faire en ayant à l’esprit la démarche panafricaine» amadou-elimane-kane-006.jpg

L'institut culturel panafricain de Yene vient d'ouvrir ses portes, à une quarantaine de kilomètres au sud de Dakar. Son directeur, Amadou Elimane Kane, entend faire de cette plate-forme un vecteur de diffusions culturelles, intellectuelles et artistiques, avec pour optique la valorisation de l'idée panafricane. Entretien avec un homme de culture, et un poète.

Où en est le panafricanisme aujourd'hui à vos yeux, surtout dans une Afrique qui semble de plus en plus éclatée...?

Le panafricanisme est un état d’esprit quelque soit la situation du continent africain. Malgré les zones de turbulences, il faut continuer d’œuvrer pour faire avancer la démarche panafricaniste. Je suis de ceux qui pensent que l’Afrique ne verra son développement que le jour où la mise en œuvre de notre culture, de notre histoire, de notre patrimoine sera visible dans nos actes. L’unité politique, culturelle, sociale et économique est toujours l’enjeu majeur du continent africain et elle doit se faire en ayant à l’esprit la démarche panafricaine.

Imaginez-vous un grand ensemble africain, cohérent, dans la décennie qui vient ? Ou est-ce encore trop tôt ?

Je suis plutôt optimiste et je ferai, à ma manière, ce qui me semble primordial pour avancer vers l’unité. Comme vous le savez, il y a encore des poches de conflits graves qui se déroulent sur le continent. Il y a encore trop d’injustices sociales et économiques. C’est à ce niveau que les dirigeants doivent durement travailler. Et surtout l’ensemble africain sera possible quand les gouvernants seront entièrement dévoués à cette cause. Il faut des élites politiques à la hauteur, honnêtes et engagées totalement sur le processus de l’unité et qui engagent une stratégie solide pour le développement, dépourvues de toute réussite personnelle. Il faut d’ailleurs tous s’engager à cela, à tous les niveaux car le civisme, la citoyenneté, la solidarité, la dignité des peuples sont aussi des facteurs de réussite. Tout cela doit s’articuler afin de pouvoir créer un espace continental résistant à toutes les pressions. Et pour cela, il faut des hommes, il faut des femmes, intransigeants, qui dirigent nos Etats.

Comment concrètement une structure comme votre institut peut aider à générer du panafricano-optimisme ?

L’Institut Culturel Panafricain existe pour pouvoir promouvoir notre culture, nos réalisations artistiques, nos démarches scientifiques et pédagogiques pour justement permettre au continent africain de démontrer sa capacité à investir dans son patrimoine à la fois historique et à la fois contemporain, avec des acteurs multiples venant du continent mais aussi de la diaspora africaine qui agissent avec conviction. Il permet aussi d’exploiter tout le potentiel intellectuel, culturel, artistique, pédagogique que comptent le continent et ses diasporas. Et ce n’est pas rien ! Il y a énormément de personnes investies dans des projets valorisant la culture africaine. L’ICP est un espace pour valoriser tout ce travail et permettre une expression artistique, culturelle et intellectuelle réelle. L’ICP existe pour organiser des manifestations, des projets, des festivals qui ont tous en commun de vouloir mettre en avant la créativité, la recherche, le partage intellectuel et la renaissance africaine. C’est un espace qui doit permettre à ceux qui le veulent, d’œuvrer dans ce sens pour donner à voir une image juste de la culture panafricaine.

C’est votre jalon sur le chemin de la Renaissance africaine?

Résolument ! C’est pour cela d’ailleurs que j’ai fondé l’ICP* car j’ai la forte conviction qu’il faut poser, dès maintenant, des actes de ce type pour parvenir à l’équilibre. La démarche panafricaine et de renaissance passe, j’en suis intimement convaincu, par l’expression culturelle, artistique et intellectuelle. Ce sont mes domaines de compétence, alors je m’y attelle. Et j’espère vraiment entraîner dans mon sillage tous les acteurs, d’horizons divers, impliqués durablement et authentiquement dans ce travail de reconstruction. L’ICP est dédié à la diaspora africaine et en particulier à la jeunesse. J’espère de tout mon cœur que cette jeunesse va s’approprier cet espace. C’est un espace de rupture qui permettra de renforcer trois axes fondamentaux pour la jeunesse : la connaissance de soi, l’estime de soi et la confiance en soi. J’en profite d’ailleurs pour remercier tous ceux qui ont contribué, de manière directe ou indirecte, à la création de l’ICP. Seul, on ne peut rien faire. J’en profite pour dire à la jeunesse qu’il faut s’associer, il faut jouer collectif, ce dont l’Afrique a fortement besoin.

Quel regard portez-vous sur la littérature africaine aujourd'hui?

Je m’y intéresse énormément et il y a beaucoup d’auteurs qui produisent de belles choses. Malheureusement, ils sont trop souvent en mal de reconnaissance sur le continent et ont du mal à se faire éditer et surtout à se faire diffuser convenablement. Les réseaux actuels sont principalement assurés par des éditeurs de l’Europe ou des Etats-Unis. Il faut remédier à cela pour le continent. L’un des projets de l’ICP est de créer une maison d’édition afin de permettre une ouverture à toutes les littératures de qualité, aux jeunes auteurs, à des initiatives panafricaines. La revue Renaissance, publiée par l’ICP, sera également un média d’expression qui permettra de révéler cette nouvelle littérature africaine.

Vous semblez vouer une attention particulière à la poésie africaine...

Bien sûr, la poésie est majeure pour l’expression artistique. Elle est d’ailleurs extrêmement vivante en Afrique. C’est un genre noble et qui s’inscrit véritablement dans la démarche panafricaine, notamment car elle est liée à notre culture de l’oralité. J’aime la variété d’expression qu’offre la poésie, celle de la langue, celle des images, celle de l’écrit, celle de l’oralité, celle de l’engagement. La poésie africaine est formidablement expressive et je pense qu’elle doit servir de tremplin à la démarche de la renaissance africaine.

Propos recueillis par Mamoudou Lamine Kane, journaliste pour NoorInfo et poète écrivain

Appel à contribution pour la revue Renaissances

Renaissances : Numéro 1

« Repenser l’Objet intellectuel pour la Renaissance africaine »

Pour ce premier numéro de la revue Renaissances, le comité éditorial invite les contributeurs à repenser l’Object Intellectuel dans la dynamique de la Renaissance Africaine et de ses perspectives plurielles. Il s’agit de réfléchir aux possibilités de production de connaissances qui s’inscrivent dans notre histoire culturelle. En interrogeant les pratiques intellectuelles, culturelles et artistiques, on peut produire du sens en s’appuyant sur les fondements de nos sciences. C’est aussi une invitation à repenser le panafricanisme et la Renaissance comme préalable à la décolonisation intellectuelle des africains.

Récemment, la Renaissance intellectuelle africaine s’est inscrite dans un effort scientifique et conceptuel qui conduit à sortir du reflexe idéologique et ethno-africaniste. L’analyse de l’objet intellectuel permettra ainsi de faire valoir la science sur l’idéologie. Cette démarche doit nécessairement s’articuler en fonction des contextes historiques. Notre réflexion d’aujourd’hui doit prendre en compte cette décolonisation encore balbutiante et les inégalités qui persistent dans le processus de globalisation. Cela permettra d’ouvrir de nouvelles perspectives pour contribuer à la démarche de la Renaissance Africaine.

En ce sens, le concours des intellectuels, des artistes, des peintres, des écrivains, des sculpteurs, des graphistes, des musiciens, des journalistes, des conteurs, etc. sera particulièrement enrichissant car, à travers leurs œuvres, ils produisent du sens à partir d’un matériau artistique dense, parfois problématique mais qui participe pleinement à la création et à l’histoire culturelle.

Leurs apports permettront donc d’aborder l’objet intellectuel avec une vision plus large pour recréer des liens entre savoir, histoire, connaissances et conceptions créatives. Ces contributions s’attacheront à dessiner les perspectives de la Renaissance Africaine tout en dépassant les désenchantements.

Les problématiques suivantes, non exclusives, peuvent guider la réflexion :

Savoir, science, idéologie

La renaissance intellectuelle africaine : modalités, possibilités et perspectives

Le rôle des intellectuels et des artistes dans la génération des connaissances, du savoir et de l’histoire

Savoir, poly-culturalisme et identités

La production de connaissances à partir de l’incertitude au quotidien

Savoir et créativité en Afrique 

La crise de l’université en Afrique

La crise des sciences humaines et sociales en Afrique

Au-delà des désenchantements, la décolonisation intellectuelle africaine

Quelles modalités pour une lecture indigène des processus de la globalisation

Réinterroger la pertinence et l’actualité des théories de panafricains de référence (Kwame Nkrumah, CLR James, Henri Sylvester Williams, WEB DuBois, Marcus Garvey, Franz Fanon, Cheikh Anta Diop, Aimé Césaire, Nelson Mandela, etc.)

Modalités de soumission :

Veuillez faire parvenir vos textes (maximum 30 000 signes, bibliographie et notes de bas de pages incluses) avant le 31 décembre 2012. Les textes doivent être accompagnés d’un descriptif qui pose brièvement le contexte et présente les arguments du texte.

Dr Amy Niang, écrivain et professeur
Lecturer in International Relations
University of the Witwatersrand
Johannesburg, Afrique du Sud
 
Le comité de lecture :

Elikia M'Bokolo, histoirien et Directeur d'études à l'EHESS, Maty Diakhaté, professeur de droit, Nouréni Tidjani Serpos, écrivain, professeur et ancien sous-directeur général de l'UNESCO, département Afrique, Racine Senghor, professeur, écrivain et pemier conseiller du ministère de la culture du Sénégal, Roger Sidokpohou, écrivain, Ramatoulaye Diagne Mbengue, professeur de philosophie à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Caya Makhélé, écrivain et éditeur, Habib Demba Fall, poète écrivain et journaliste, Victor Bouadjio, écrivain et éditeur, Hamidou Dia, professeur et écrivain, Amadou Elimane Kane, enseignant chercheur et poète écrivain