Pour la nuit de la lecture, direction le collège Charles Péguy dans le 19è arrondissement de Paris. La classe de CM2 de Jonathann Thireau-Sroussi participe à une résidence sur le dire poétique avec l’écrivain-poète Amadou Elimane Kane. Loin de la représentation des poètes morts ou maudits, les élèves s’emparent de la poésie par l’oralité. Léa Capuano, pour Radio Campus Paris
Au coeur de la cité d’Essouira, l’ancienne Mogador, où les arabophones, les berbérophones et le peuple des Gnaoua, groupe métissé entre l’orient et l’Afrique noire, vivent ensemble, on trouve également une petite communauté sénégalaise qui s’est installée dans cette ville atlantique balayée par les alizés et qui est un véritable carrefour culturel et artistique au Maroc. Si cela est possible, c’est grâce à un homme très actif, volontaire et très impliqué dans l’intégration des populations sénégalaises à Essaouira.
Originaire de Saint-Louis du Sénégal, Ma Ngom est arrivé au Maroc en 1996, après des études de lettres et de philosophie. Diplômé en gestion des entreprises, directeur en gestion hôtelière et polyglotte émérite, Ma Ngom est une figure importante à Essaouira, dans le monde du tourisme et de la culture. Membre du Comité Provincial du Tourisme d’Essaouira, il contribue activement au développement touristique de la ville et organise des rencontres sous le signe de l’échange culturel et humain. Car il s’appuie également sur l’histoire commune du Maroc et du Sénégal, tant d’un point de vue culturel, artistique et symbolique.
Mais son rôle le plus remarquable reste ses actions en faveur de la communauté sénégalaise. Président de l’association des Sénégalais d’Essaouira, Ma Ngom ne ménage pas sa peine lorsqu’il s’agit de favoriser l’émigration de ses compatriotes, d’accompagner les jeunes sénégalais à s’installer, en apportant son aide et son expérience pour l’obtention des papiers, pour engager les nouveaux arrivants à suivre des formations diplômantes, ou encore pour les accompagner à trouver des emplois. Cet engagement permanent fait de lui un citoyen à part entière et un homme très apprécié de la population sénégalaise d’Essaouira et très respecté de la communauté marocaine.
Homme de la libre pensée, Ma Ngom produit du sens humain sur cette terre culturelle où l’on œuvre pour l’unité africaine. En cela, Ma Ngom est un véritable artisan de la renaisance africaine et il démontre, par des actes concrets, comment faire pour rassembler les trajectoires plurielles.
Amadou Elimane Kane, écrivain poète, enseignant et fondateur de l’institut culturel panafricain de Yene
L'ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal, Cheikh Tidiane Gadio nous livre son témoignage sur le parcours de Kofi Annan, l'homme de paix.
Dans un monde où certains ont déclaré “la guerre à la paix” selon l’écrivain Ronan Farrow, la mort de Kofi Annan, Prix Nobel et infatigable faiseur de paix, même à 80 ans, nous a tous bouleversé et peut-être fragilisé un peu plus.
L’humanité plongée dans le doute à cause des incertitudes qui s’accumulent en particulier sur “l’Accord de Paris” et “l’Accord sur le nucléaire iranien”, mais aussi à cause des reconfigurations géopolitiques violentes (Syrie, Yémen, Sahel) avait encore besoin de Kofi Annan, de son expertise incontestable, de sa sérénité imperturbable, de sa patience légendaire et de son demi sourire rassurant mais interrogateur!
Kofi Annan, SG des Nations Unies assis sur le toit du monde, m’a personnellement gratifié d’une affection sincère pendant la phase active de notre relation à partir de 2000. Je n’oublierai jamais ses félicitations appuyées après l’Accord de Cessez-le-Feu de Bouaké du 17 octobre 2002 obtenu par le Sénégal, sauvant la Côte d’Ivoire de la partition et probablement d’une guerre fratricide de longue durée.
Cet Accord, pour un homme de paix comme lui, Africain dans le tréfonds de son âme, a été l’acte fondateur de notre relation.
Ensuite nous l’avons tous admiré pour la réforme du systéme des Nations, qu’il a initiée avec courage et détermination. Cette bataille dont pour l’Afrique le “Commandant en chef” était notre collégue et ami Nana Akufo-ADDO (actuel Président du Ghana), a connu des moments épiques tant nous croyions tenir le bon bout pour enfin “réparer l’injustice historique” faite à l’Afrique de n’avoir aucun représentant parmi les Cinq membres permanents du Conseil de Sécurité, et ce malgré son milliard d’habitants à l’époque et ses 50 et quelques pays membres des Nations Unies soit plus du quart des états membres.
L’Humanité se souviendra un jour, qu’un homme épris de paix, a essayé de consolider et de sauver la paix mondiale en réformant une institution fondée sur un statu quo suranné des vainqueurs de la 2ème guerre mondiale. Refuser un siège de membre permanent avec droit de véto à l’Afrique et maintenir le statu quo de 1945 est une double injustice à corriger dans l’esprit et le style Annan, c’est à dire par un consensus fort mais qui ne peut plus attendre.
Kofi Annan, pour moi, c’est aussi la guerre contre le Sida et les grandes pandémies qui ont ravagé l’Afrique et le monde pendant ces dernières décennies.
Koffi Annan, c’est la noble et farouche bataille pour la réalisation de son initiative phare: le programme OMD (Objectifs du Millénaire pour le développement) lancé en 2000 par l’adoption de la “Déclaration du Millénaire”. Ces OMDs sont devenus depuis 2015, comme on le sait, les ODDs (Objectifs de développement durable).
Koffi Annan, outre le fiasco moral et tragique de la communauté internationale au Rwanda dont il a fait courageusement le bilan autocritique, c’était la tragédie du Darfour qui l’avait aussi beaucoup affecté, tant les polémiques sur l’appellation “génocide”, “nettoyage ethnique”, “crimes contre l’humanité” de cette apocalypse africaine avaient abouti à une faible action de protection et de défense de populations très vulnérables. Les tristement célébres Jenjawids ont pu alors nettoyer et massacrer à leur guise des groupes qu’ils ont “osé” appeller les “populations africaines” et ceci en terre africaine du Soudan!
Kofi Annan, c’était aussi la bataille multiforme pour la réforme des opérations de maintien de la paix des Nations Unies pour les rendre plus efficaces, faciliter les déploiements rapides sur le terrain pour protéger les populations et autoriser des “réglements d’engagement plus fermes”, on dirait aujourd’hui “plus robustes”. En clair Kofi Annan s’est battu de toutes ses forces pour la mise en oeuvre diligente du rapport du “Groupe de Travail” présidé par un autre grand fonctionnaire international africain Lakhdar Brahimi.
Ce combat de Kofi Annan doit être poursuivi et gagné pour que l’Afrique, en particulier, arrête d’être le paradis des “peace-keepers” qui coûtent excessivement chers et qui parfois s’installent durablement comme c’est le cas de la MONUC et certaines opérations qui ont un début et qui semblent n’avoir pas de fin.
Pour nous, il est urgent d’organiser le transfert de certaines compétences “de la responsabilité de protéger” du Conseil de Sécurité vers les organisations régionales comme l’Union africaine qui bénéficie des avantages de la proximité et d’une meilleure connaissance du terrain et des réalités socio-culturelles. Ce transfert devrait cependant s’accompagner du transfert partiel des moyens dont seule dispose l’ONU, ce qui serait évidemment une autre paire de manche car pouvant être perçu comme une menace sur la toute puissance des cinq membres permanents et des grands contributeurs.
Kofi Annan, c’est le diplomate hors pair qui peut arbitrer sans faire voler en éclats le Palais de verre, la mémorable bataille diplomatique “États-Unis versus France” sur l’invasion de l’Irak. Cette période sombre de l’histoire de l’humanité, précédée par la catastrophe du 11 septembre qui marque l’avénement durable d’un néo-terrorisme mondial, a raffermi le leadership planétaire de Kofi Annan et son courage devant la vérité historique et devant les puissants de ce monde.
Kofi Annan, c’est enfin une fierté africaine et un “modèle” de serviteur de l’humanité, humble, courtois, fin, raffiné et citoyen du monde qui a piloté les affaires internationales du monde pendant deux mandats tenant fermement le gouvernail du bateau de 193 pays qui ont reconnu son leadership et son charisme hors norme.
Sans le chercher peut-être, Kofi Annan a symbolisé pour des millions de jeunes cadres africains ce volet important du combat de Cheikh Anta Diop pour la “Renaissance africaine”. Cheikh Anta disait en effet qu’il était urgent d’arrêter l’entreprise de démoralisation des peuples africains et surtout de nos jeunesses à qui on vend toujours un portrait négatif de leur continent, de sa prestigieuse histoire et de son identité pourtant résiliente. Quand nos jeunes cadres regardaient Kofi Annan assis sur le toit du monde et enfoncé dans le siège du pilote avec dignité et leadership, ils ne pouvaient qu’être inspirés et motivés.
Après 44 ans de bons et loyaux services aux Nations Unies, au lieu d’opter pour un repos bien mérité, Kofi Annan, au contraire, a continué à dédier sa vie au “bonheur de servir” en acceptant en 2007 d’être le Chair de AGRA (Alliance for a Green Revolution in Africa) mais aussi un membre des Elders (groupe de sages africains créé en 2007 par Mandela). La même année 2007, il lança la “Fondation Kofi Annan” pour promouvoir la Paix et la sécurité, l’état de droit, le développement durable et les droits humains. Il y’a encore quelques semaines, il était sur le terrain, au Zimbabwé pour encourager la resolution pacifique des différends politiques.
Le Ghana contemporain nous a déjà donné deux prestigieux leaders de stature mondiale : l’inoubliable leader Panafricaniste Kwamé Nkrumah et l’inoubliable Diplomate et Homme de paix Koffi Annan. Il nous prépare un troisième avec le remarquable envol et le leadership panafricain du Président Nana Akufo-Addo devenu en si peu de temps une des boussoles majeures de l’Afrique contemporaine.
Que Dieu bénisse l’âme de Kofi Annan et lui accorde les faveurs de son paradis céleste pour services rendus à l’humanité! Qu’il bénisse le Ghana et l’Afrique renaissante et unie!
Dr. Cheikh Tidiane Gadio
Député et ancien Ministre des Affaires étrangères (2000 – 2009)
Président de l’Institut Panafricain de Stratégies
Le magazine hebdomadaire Amphi FM a invité Amadou Elimane Kane, poète écrivain, enseignant et chercheur, le 22 janvier 2018 pour un entretien de 45 minutes. Ecoutez l'émission ici : Amadou Elimane Kane, 22 janvier 2018, Amphi FM sur Radio Chine
"Nous portons tous des valeurs particulières mais nous devons nous rassembler autour de la dimension humaine", Amadou Elimane Kane
Thierry SINDA, journaliste et poète, vient de créer une nouvelle collection poétique Poèmes des Afriques et d'Ailleurs, avec une première parution, le recueil Chant du Black Paname, suivi de Le cocotier irascible de Henri Moucle, Préface de Thierry Sinda, Un poète noir Montmartrois, éditions Delatour France, 2017
Découvrez la vidéo du spectacle poétique et musical par les élèves du collège Charles Péguy et des écoles Bolivar et Lasalle, avec Amadou Elimane Kane, accompagnés en musique et en danse par Ali Wagué et Stéphane Mensah
Ce 18ème temps des poètes en Guadeloupe a été un moment dense rempli de créativité et d’émotions sincères. J’ai une profonde reconnaissance pour toutes les personnes qui ont contribué à rendre ces rencontres aussi belles et fécondes.
Nous avons ensemble rencontré les enseignants et les référents culture, en présence de Géraldine Camy, l’Inspectrice académique – Inspectrice pédagogique de Lettres, et j’ai pu conduire la formation Poésie et oralité, avec le soutien de Monsieur Claude Rivier, responsable de la Délégation académique à l’éducation artistique et à l’action culturelle, ici en Guadeloupe. Cette rencontre, pour ce que l’on m’a dit, a rencontré beaucoup d’écho auprès des pédagogues qui habitent votre académie, et en particulier auprès des professeurs documentalistes. Je suis très fier et très honoré de toutes ces paroles d’encouragement à poursuivre mon engagement pour la justice cognitive par la poésie et l’oralité.
Nous avons ensuite partagé un moment fort, celui de la cérémonie en hommage à Guy Tirolien, en présence de sa famille, au collège Nelson Mandela, sur l’île de Marie-Galante. Dans cet espace puissant de rêve, nous avons vécu un moment mémorable où les élèves ont investi la poésie de Guy Tirolien et nous avons, ensemble, célébré sa puissance poétique. Quel moment de partage et de créativité. J’ai offert un de mes livres à la famille de Guy Tirolien, et il y a eu ce moment inoubliable où nous avons dialogué avec Guy Tirolien, à travers sa poésie, ma poésie, notre poésie. Cette rencontre a été possible grâce à Monsieur Welé, principal du collège Nelson Mandela que je salue fraternellement.
Puis avec Claude Rivier, nous sommes allés à la rencontre des étudiants de lettres de 3ème année, en présence de Laurent Marlin, référent culture, de Thierry Césaire, responsable de l’action culturelle de l’université, d’Odile Hamot, professeure de lettres, et de Stéphane Radjouki, le bibliothécaire universitaire que je salue. J’ai animé une rencontre que j’intitule : Se raconter, se rencontrer autour de la poésie. Cet échange de dialogue a été très fort et productif pour notre réflexion poétique.
La rencontre à l’université Fouillole devant un public mixte de professeurs et d’étudiants était placée sous le signe de la poésie, celle de Guy Tirolien, celle des poètes antillais et de la mienne. Mon émotion a été grande de voir les liens qui nous rassemblent au-delà du temps, au-delà des kilomètres qui nous séparent, ces espaces inventés par notre histoire commune et notre patrimoine réuni.
Et enfin une soirée poétique mémorable au lycée Carnot, organisée par l’association des professeurs documentalistes de la Guadeloupe et par Anne-Marie Montantin, avec le soutien de Madame Succab, la Proviseure, instant exceptionnels où j’ai pu rencontrer Madame Guy Tirolien et ses enfants, Alain, Thérèse et Guy Tirolien Junior. J’ai retrouvé mon doyen, le grand poète et romancier Ernest Pépin qui a permis aux Guadeloupéens de connaître Cheikh Anta Diop, il est un exemple d’engagement pour les jeunes panafricains du Sénégal. Mais également le plaisir de voir le grand doyen essayiste Alain Rutil. Et j’ai fait la connaissance de Ronald Selbonne, un grand écrivain qui m’a beaucoup ému, tout comme Max Rippon, le grand poète écrivain qui porte la belle langue, la langue créole et qui m’a fait rêver.
J’ai vécu avec vous tous des moments très forts, uniques dans mon parcours d’écrivain poète, d’enseignant et de chercheur. Je remercie toute l’académie de la Guadeloupe qui m’a mis à l’honneur. Je suis très touché, très porté par tout ce que vous avez mis en œuvre, par tout ce que j’ai vécu avec vous.
J’accorde une mention spéciale à monsieur Claude Rivier qui a fait un travail remarquable d’organisation, et d’accompagnement, il est un homme de culture, je lui tends ma main gauche.
Je félicite les élèves et les enseignants pour tout le travail accompli autour de la poésie de Guy Tirolien, de la poésie antillaise et de ma poésie. C’est extraordinaire ce que l’on peut faire quand on se croise.
Je remercie toute la famille de Guy Tirolien, les éditions Jasor, en la personne de Régine Jasor qui a fait un travail extraordinaire. Je salue également l’organisateur et le président du Prix littéraire Fetkann ! Maryse Condé en la personne de José Pentoscrope.
Soyez sûrs que je repars en Afrique, en Europe et de par le monde en emportant vos regards et votre fraternité. Encore merci à l’ensemble de l’académie de la Guadeloupe qui m’a fait cet immense honneur. Malgré les mille tragédies que j’habite, les Guadeloupéens ont réussi à me les ôter pour m’ouvrir de nouveau un horizon perlé d’espoir.
Amadou Elimane Kane, écrivain poète, enseignant et chercheur, lauréat du Prix littéraire FETKANN ! Maryse Condé 2016, Mémoire des Pays du Sud - Mémoire de l'Humanité - catégorie Poésie, mention spéciale du jury pour le caractère pédagogique de l'action poétique de l'ensemble de l’œuvre
Au professeur Alassane NDAW et à Khady SYLLA : La patrie reconnaissante
Par Amadou Lamine SALL
Amadou Lamine Sall, poète et Lauréat des Grands Prix de l’Académie française
« L’histoire que nous avons en commun est belle, rebelle et cruelle » La première visite officielle du Président français François Hollande au Sénégal était très attendue. Et son discours à notre pays aussi. Et bien le discours de François Hollande est à la hauteur de nos espérances car c’est un discours fort, un discours du 21ème siècle qui propose un futur d’humanité et de respect.
Si on analyse le schéma du discours de François Hollande, on peut constater que l’on est sorti du regard paternaliste que porte trop souvent encore l’occident à l’égard de l’Afrique et des Africains. Il n’y a aucune suffisance française dans le ton de François Hollande mais une vraie conception intellectuelle qui place l’Afrique comme partie intégrante de l’humanité.
François Hollande met en lumière notre partage commun, celui de la langue, cette francophonie qui nous rapproche et dont nous pouvons être les porteurs de messages ensemble avec une association d’égal à égal. Il souligne aussi notre histoire souvent douloureuse dont il veut laver les outrages, les douleurs et dont il veut honorer la mémoire. A Gorée, il veut s’incliner devant ces hommes, ces femmes, ces enfants qui ont été massacrés par la traite négrière et par l’esclavage.
C’est un geste puissant, symbolique de la repentance, de respect et de fraternité humaine. Il dit que l’on doit perpétuer la mémoire de l’esclavage, nommé crime contre l’humanité, en poursuivant l’enseignement de son histoire dans les écoles de France et partout ailleurs. Il dit encore que le devoir de la France est de rendre les archives du massacre du camp de Thiaroye en 1944.
Il rend hommage aux combattants sénégalais des deux guerres mondiales qui ont versé leur sang et libéré le monde du joug allemand. Il rappelle le travail de Blaise Diagne pour l’Etat français, celui de Léopold Sédar Senghor, rédacteur de la constitution française de la 5ème république, celle là même qui lui permet d’être proclamé chef de la nation française. « Je m’inclinerai devant l’histoire et je m’engagerai pour la dignité humaine partout où elle est blessée ».
François Hollande ouvre ici les portes d’une réconciliation, d’une belle fraternité, avec des idées justes, généreuses, en toute humilité, sans se poser en modèle ni en donneur de leçon. On est loin, très loin du discours de Nicolas Sarkozy en 2007 à l‘UCAD, qui proclamait une leçon civilisatrice, ethnocentrique, eurocentriste, rappelant ainsi les discours des théoriciens racistes du 19ème siècle. François Hollande se démarque, infligeant une rupture dans l’histoire politique des relations entre la France, le Sénégal et l’Afrique en portant une vision qui rend justice.
Il souligne le respect mutuel qui existe entre nos deux peuples, les convictions qui les rassemblent, les combats contre la corruption, contre l’injustice sociale à mener côte à côte. Tous les éléments de son discours rapprochent les hommes pour une lutte universelle : celle de la justice, de la fraternité et de la dignité. Il propose encore d’assouplir les formalités administratives pour faciliter la circulation des étudiants et des artistes sénégalais en France. Car le partage c’est aussi cela, encourager les échanges pour faire tomber les murs de l’ignorance et pour défendre la connaissance.
Il indique de manière précise la fin de la Françafrique. « Il y a la France, il y a l’Afrique et ce sont des partenaires pour le développement ». Le discours de François Hollande est un hymne à l’Afrique. Il dit que l’Afrique est « la terre d’avenir du monde » en soulignant son formidable élan démographique, sa jeunesse qui aura à jouer une part importante dans le développement mondial, ses richesses naturelles, ses potentiels humains immenses mais en rappelant que c’est aux Africains, et à eux seuls, de prendre en main leur avenir. Le choix des mots de François Hollande et le champ lexical utilisés sont ceux de l’espoir, du respect et des potentiels du continent.
François Hollande rompt avec l’afro-pessimisme en saluant l’exercice démocratique du Sénégal et sa formidable avancée avec une assemblée nationale constituée dans une réelle parité homme/femme, comme un exemple pour la France et pour le monde. Oui, le discours de François Hollande, marqué d’un nouvel humanisme, est un discours de reconnaissance et s’engage sur la voie de la Renaissance Africaine. « J’ai confiance car l’Afrique est en marche », dit-il encore.
Bien sûr ce grand discours du Président français devra être soutenu par des actes et nous en attendons beaucoup mais c’est à nous d’en mesurer la portée pour engager notre vitalité et mettre en œuvre notre émergence. Les valeurs universelles portées par François Hollande mettent en lumière l’importance de l’homme tout court, sans distinction d’appartenance. Défendre la justice, l’équité, la dignité humaine n’ont pas de couleur, n’ont pas de pays, ces actes sont absolus et c’est ensemble que nous devons relever le défi.
Lorsque j’entends parler François Hollande, en tant qu’homme, je ne vois pas l’homme blanc, le chef d’Etat français, j’entends un homme qui me parle des valeurs essentielles que tous nous devons porter et qui doivent nous transporter dans des ciels de créativité et d’une humanité debout. Fini les discours épidermiques, réducteurs, destructeurs où nous dirions que la seule cause de notre échec est l’homme blanc. Fini d’infantiliser l’homme noir le croyant incapable d’affronter ses responsabilités. Le temps est à la lucidité, à l’honnêteté et à la redécouverte de notre identité.
Le discours de François Hollande, en rupture totale avec les liens de dépendance de vision unilatérale qui ont jalonné notre histoire, est un discours d’égal à égal, « épaule contre épaule ».
François Hollande s’adresse aux hommes, à tous les hommes dont nous sommes, des hommes dignes et responsables de l’avenir du 21ème siècle et de l’Afrique.
Amadou Elimane Kane, poète écrivain, enseignant chercheur et fondateur de l’Institut Culturel Panafricain de Yene kaneamadouelimane@yahoo.fr
Article publié sur Seneweb le 22 octobre 2012
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